Tancrède de Hauteville
Entre Coutances de Saint-Lô, à peu de distance de Marigny dont la motte féodale atteste encore aujourd'hui la vocation guerrière de cette extrémité occidentale du duché de Normandie, au milieu des coteaux et des prairies, cerné par des haies sauvages, le petit fief de Hauteville était alors tenu par le seigneur Tancrède. C'était un petit hobereau dont l'établissement en ces confins reculés était un assez bon exemple de l'expansion viking.
Un ancêtre de Tancrède avait été, dit-on, un compagnon de Rollon dont on avait récompensé les services et la fidélité par l'octroi d'un petit domaine. Tancrède lui-même avait eu son heure de gloire. Un jour que le duc Richard s'adonnait à sa passion favorite, la chasse au sanglier, un animal énorme avait surgi des fourrés. On crut le duc menacé. Tancrède alors se précipita, détourna la charge et tua l'animal. Le coup avait été si furieux que l'épieu s'était trouvé tout entier fiché dans le corps de la bête. Tancrède avait eu en récompense le commandement de dix hommes dans l'ost ducal.
Son temps de service était maintenant achevé. Le duc Richard était mort ainsi que son fils Robert le Magnifique dont on devait apprendre la fin à Nicée en Bithynie, au cours de son pèlerinage en Terre sainte. Au petit Guillaume, bâtard de Robert, terré non loin de là dans la région de Falaise, parvenaient les échos de son duché qu'une horde de barons révoltés mettaient en coupe réglée.
Loin de ce tumulte, Tancrède vivait retiré dans Hauteville. Faire vivre sa gigantesque famille était devenu le principal de ses soucis. Une première épouse, Murielle, lui avait donné cinq fils : Guillaume, Dreux, Onfroi, Geoffroi et Sarlon. De la seconde, Fressinge, il en avait eu sept : Robert, Mauger, Guillaume, Auvray, Tancrède, Humbert et Roger. Sans compter, nées de ces deux unions, plusieurs filles dont on sait peu de choses.
On conçoit sans peine les angoisses qui devaient étreindre Tancrède à la perspective d'avoir à établir tout ce joli monde. A vrai dire, c'était impossible. Par ces temps troublés, on voyait de par le duché, trop de cadets de famille mener une existence sordide, errer en quête de service, épouser par dépit les causes les plus suspectes dans l'espoir d'une embellie qui ne venait jamais. Les plus audacieux avaient, depuis quelque temps, pris l'habitude de tenter l'aventure hors du duché. L'habile propagande des envoyés de Rainolf, comte d'Aversa, qui vantait avec tant de lyrisme les charmes d'Aversa, avait fait germer dans l'esprit des fils de Tancrède des rêves de grandeur.
C'est ainsi qu 'ils vinrent grossir le flot de ces Normands pauvres en quête de lendemains qui chantent: Guillaume surnommé « Bras de Fer »,comte de Pouille de 1042 à 1046, Dreu comte de Pouille de 1046 à 1051, Onfroi comte de Pouille de 1051 à 1057, Robert vite appelé « Guiscard »comte de Pouille de 1057 à 1059, Duc de Pouille de Calabre et de Sicile de 1059 à 1085 et son frère Roger plus connu sous le nom de « grand comte », comte de Sicile et de Calabre de 1060 à 1101. Mais l'histoire de cette fabuleuse famille ne s'arrête pas là. Jusqu'à la fin du XIIème siècle, ce sont les descendants des Hauteville qui régneront sur cette région d'Orient.
Texte d'après Pierre Aubé
Un ancêtre de Tancrède avait été, dit-on, un compagnon de Rollon dont on avait récompensé les services et la fidélité par l'octroi d'un petit domaine. Tancrède lui-même avait eu son heure de gloire. Un jour que le duc Richard s'adonnait à sa passion favorite, la chasse au sanglier, un animal énorme avait surgi des fourrés. On crut le duc menacé. Tancrède alors se précipita, détourna la charge et tua l'animal. Le coup avait été si furieux que l'épieu s'était trouvé tout entier fiché dans le corps de la bête. Tancrède avait eu en récompense le commandement de dix hommes dans l'ost ducal.
Son temps de service était maintenant achevé. Le duc Richard était mort ainsi que son fils Robert le Magnifique dont on devait apprendre la fin à Nicée en Bithynie, au cours de son pèlerinage en Terre sainte. Au petit Guillaume, bâtard de Robert, terré non loin de là dans la région de Falaise, parvenaient les échos de son duché qu'une horde de barons révoltés mettaient en coupe réglée.
Loin de ce tumulte, Tancrède vivait retiré dans Hauteville. Faire vivre sa gigantesque famille était devenu le principal de ses soucis. Une première épouse, Murielle, lui avait donné cinq fils : Guillaume, Dreux, Onfroi, Geoffroi et Sarlon. De la seconde, Fressinge, il en avait eu sept : Robert, Mauger, Guillaume, Auvray, Tancrède, Humbert et Roger. Sans compter, nées de ces deux unions, plusieurs filles dont on sait peu de choses.
On conçoit sans peine les angoisses qui devaient étreindre Tancrède à la perspective d'avoir à établir tout ce joli monde. A vrai dire, c'était impossible. Par ces temps troublés, on voyait de par le duché, trop de cadets de famille mener une existence sordide, errer en quête de service, épouser par dépit les causes les plus suspectes dans l'espoir d'une embellie qui ne venait jamais. Les plus audacieux avaient, depuis quelque temps, pris l'habitude de tenter l'aventure hors du duché. L'habile propagande des envoyés de Rainolf, comte d'Aversa, qui vantait avec tant de lyrisme les charmes d'Aversa, avait fait germer dans l'esprit des fils de Tancrède des rêves de grandeur.
C'est ainsi qu 'ils vinrent grossir le flot de ces Normands pauvres en quête de lendemains qui chantent: Guillaume surnommé « Bras de Fer »,comte de Pouille de 1042 à 1046, Dreu comte de Pouille de 1046 à 1051, Onfroi comte de Pouille de 1051 à 1057, Robert vite appelé « Guiscard »comte de Pouille de 1057 à 1059, Duc de Pouille de Calabre et de Sicile de 1059 à 1085 et son frère Roger plus connu sous le nom de « grand comte », comte de Sicile et de Calabre de 1060 à 1101. Mais l'histoire de cette fabuleuse famille ne s'arrête pas là. Jusqu'à la fin du XIIème siècle, ce sont les descendants des Hauteville qui régneront sur cette région d'Orient.
Texte d'après Pierre Aubé